jeudi 10 mars 2011

Gaz de schiste : jusqu'à la dernière "goutte"

Je profite de la publication du rapport du Centre d'Analyse stratégique (centre d'études dépendant du premier ministre, téléchargeable ici) pour faire le point sur quelques éléments chiffrés concernant les gaz de schistes. Ce rapport assez complet sous estime, à mon avis, la problématique environnementale (et en particulier de lutte contre le changement climatique)

De quoi s'agit-il ? 
De gaz non conventionnels qu'il était trop coûteux d'exploiter lorsque l'énergie était bon marché mais dont l'exploitation devient rentable suite à la hausse du prix du pétrole. 


Les conséquences ? 
Elles sont très importantes : 
- une baisse du prix du gaz : aux Etats-Unis , le prix du gaz a été divisé par 3 entre 2008 et aujourd'hui (de 13$ / Mbtu à 4 $ / Mbtu)
- une modification de la géopolitique énergétique : les Etats-Unis qui exploitent ces gaz de schiste depuis les années 2000 sont passé d'un statut d'importateur à une autosuffisance en gaz. 50% de leur production provient maintenant des gaz de schiste et les USA sont passés le premier producteur de gaz.
- les conséquences sont majeures : abandon des projets nucléaires, risque important sur la rente gazière de la Russie alors que des pays comme la Chine disposent également d'un vaste potentiel en gaz de schiste
- les ressources en gaz de schiste doublent les ressources mondiales de gaz et permettent de passer de réserve d'environ 60 ans à plus de 100 ans.

Les problèmes ? 
Ils sont environnementaux mais critiques : 
- la technologie d'extraction repose sur la fracturation hydraulique, une technique où il est nécessaire d'injecter de l'eau sous pression avec des solvants (acides et produits dangereux pour l'homme et l'environnement) pour fracturer la roche et éviter que les failles ne se comblent pour extraire le gaz : 
- environ 15 000 m3 d'eau sont nécessaires par forage : 20% à 80% remontent en surface. Cette eau qui remonte est chargée de produits dangereux (il faut alors la traiter). Mais que devient celle qui ne remonte pas ?
- les forages sont épuisés au bout de 5 ans car cette technique ne permet de récupérer que de 20 à 30% du gaz disponible
- il donc nécessaire de faire de nombreux forages : un tous les 500 m (aux USA, on compte 500 000 forages)
- chaque forage occupe de 2 à 2,5 hectare pendant 6 à 18 mois! imaginez l'Ardèche mitée par ces forages!

Pourquoi il ne faut pas les exploiter ?  
L'exploitation des gaz de schiste nous éloigne un peu plus de notre objectif de lutte contre le changement climatique (il est donc capital de fixer rapidement une taxe carbone qui pénalisera les énergies fossiles).
L'objectif européen de réduction des émissions de -20% d'ici 2020 est déjà mal parti.
On ne peut pas prétendre vouloir lutter contre le changement climatique (dont on sait que le principal outil est la fixation d'un prix élevé de l'énergie( fossile) et continuer à chercher à tout prix de l'énergie fossile quelles qu'en soient les conséquences environnementales.
Cette quête de l'énergie (fossile) bon marché nous éloigne un peu plus d'un développement massif des énergies renouvelables.


Les arguments que vont utiliser leurs promoteurs  ?
 L'exploitation des gaz de schiste nécessite moins d'eau que le charbon (ou encore l'éthanol)
Le gaz rejette moins de CO2 que le charbon 
Qui peut refuser une énergie bon marché ? 


Espérons que nos politiques qui ont été surpris par la forte opposition des citoyens à ce projet saura ne pas céder aux sirènes des lobbies. Continuons à nous mobiliser.


 Pour avoir une idée des conséquences, ci-dessous le trailer du documentaire GASLAND primé aux oscars (vous pouvez regarder à partir de la 2'16, c'est assez impressionant)




 Si ce n'est déjà fait, signez la pétition :